Ai Wei Wei au Palais de Rumine à Lausanne

A

Formidable exposition que celle de Ai Wei Wei au Palais de Rumine, vaste bâtiment qui héberge entre autres les musées de zoologie, d’archéologie, de géologie de la ville de Lausanne.
Car le spectateur fait d’une pierre deux coups. Il peut voir des installations contemporaines dans la droite ligne de Marcel Duchamp tout en étant confronté à un panel de squelettes de primates, d’animaux préhistoriques, de volatiles empaillés et autres vestiges minéraux.
Ai Wei Wei au demeurant est un Warhol chinois qui a su faire parler de lui par des prises de positions politiques qui lui ont valu plusieurs mois de prison. Warhol flirtait avec le glamour et la jet set, Ai Wei Wei dénonce les scandales, les injustices, et les souffrances humaines . Comme Warhol, Ai Wei Wei ne cesse de se mettre en scène et on peut dire que son œuvre imbrique autant sa personne que les objets qu’il produit.
Mais le plus étonnant dans cette exposition est que les œuvres ont pour écrin un contexte fort éloigné de l’art contemporain. La confrontation des œuvres aux spécimen zoologiques, aux dinosaures et autres espèces disparues a pour mérite de créer des surprises à forte connotation surréaliste.
Exposé dans un contexte insolite, l’art contemporain sort toujours gagnant. On pense à l’Arsenal de Venise, où les œuvres voisinent avec des navires de guerre. Les friches industrielles ont été également convoquées pour accueillir l’art d’aujourd’hui, les entrepôts aussi, et, dans un tout autre registre, les halls de banque.
Fini les musées, ces trop solennels temples de la culture ! L’art devrait s’exposer partout : dans les stations de métro, sur les plages, dans les usines, les grands boulevards, les locaux administratifs, et pourquoi pas ? les prisons…
C’est à l’art de venir au public, et non le contraire.